Le train des
restrictions budgétaires doit-il traverser la cour des tout petits ?
Rapport Tabarot, rapport Papon et Martin, loi de finances 2009, on assiste depuis l’été 2008, à une série d’annonces visant à réformer le secteur de la petite enfance. Le monde des professionnels de ces structures d’accueil et des écoles maternelles s’inquiète, qu’en est-il ?
Des rapports à charge
contre l'école maternelle :
« L'école n'a pas vocation à accueillir les
enfants de 2 ans. Elle doit être une école à part entière ». C'est par
cette affirmation que Monique Papon et Pierre Martin, sénateurs UMP, ont
commencé la présentation de leur rapport sur l'accueil des enfants de 2 à 3 ans.
Ainsi, affirmant avec Michèle Tabarot députée UMP, que les enseignants de maternelle ne sont « pas assez formés pour accueillir les enfants de moins de 3 ans », rappelant que la scolarisation à 2 ans recule et qu'elle est inégale d'une région à l'autre, que l’école maternelle n’est « pas une panacée pour les parents actifs », ils déclarent enfin qu'au bout de 4 ans d'école maternelle « les enfants n'en peuvent plus, ils sont usés »…
La conclusion logique pour M. Papon et P. Martin, comme pour M. Tabarot, est qu’il faut fermer les écoles maternelles aux enfants de moins de trois ans et ouvrir des « jardins d'éveil » où seraient accueillis les 2-3 ans. Ces « jardins d’éveil » s'abriteraient dans les locaux des écoles maternelles, auraient un taux d'encadrement identique à celui des écoles maternelles (1 adulte pour 15 enfants) mais ne seraient pas gratuits.
Ce sont les communes qui auraient à assumer la responsabilité de ce service, payant, à la différence de l'école maternelle. Parmi celles qui pourront financer, l’absence de réglementations relatives aux contraintes éducatives, à la qualité de l’encadrement ou encore au niveau de participation des familles peut laisser augurer de fortes disparités territoriales…
Pourtant, force est de constater que si la scolarisation des plus petits recule, c’est que bien souvent les classes de petite section sont devenues une variable d'ajustement pour les inspections d'académie. L’impact positif de la scolarisation à deux ans est démontré sur les évaluations de l'école primaire et sur le taux de redoublement : 80 % des enfants arrivent à l'heure en 6ème quand ils sont scolarisés à 3 ans, 86 % s’ils le sont à 2 ans. Aux évaluations de CP, 44 % de ces enfants scolarisés à 2 ans atteignent la médiane contre 34 % pour ceux scolarisés à 3 ans. C’est particulièrement vrai pour les enfants étrangers ou de milieu défavorisé dont les familles ne pourraient vraisemblablement pas faire face à cette nouvelle dépense
Inquiétude parallèle
dans les crèches
Quid en effet des enfants de 2 à 3 ans actuellement accueillis en crèches ?
Les personnels de la petite enfance voient s’annoncer un schéma crèche pour les bébés, jardin d’éveil pour les 2/3ans qui les inquiète.
En effet, les rapports Tabarot puis Papon et Martin envisagent l’ouverture des jardins d’éveil avec un encadrement d’1 professionnel(le) pour 12 à 15 enfants au lieu de 1 pour 8 actuellement, prévoient pour cet encadrement le recrutement de professionnel(le)s moins qualifié(e)s et même le recours à des « papy ou mamy sitters » sur des temps partiels comme sur des temps pleins.
Quand on ajoute à cela l’intention de confier la direction de ces structures à des gestionnaires et la possibilité de « surbooker » les capacités d’accueil de 20 % contre 10 % actuellement, on comprend que l’objectif avancé de pallier le manque de places est largement dépassé par des enjeux d’économie. On ne peut prétendre régler la question si sensible de la pénurie chronique en modes d’accueil de qualité pour la petite enfance par la déstabilisation de l’école maternelle, la déqualification des professionnel(le)s et en imposant aux enfants et aux familles des modes de garde et non plus d’accueil.
Dans un contexte lourd de crise économique et de révision des politiques publiques menée à marche forcée, les personnels des crèches municipales de Ville d’Avray ont sans doute voulu signifier cette inquiétude le 19 mars dernier par la grève très suivie qui a touché ces structures et vu leur fermeture. Souhaitons que nos édiles sachent mettre en œuvre la concertation nécessaire à la poursuite confiante du très beau travail effectué par nos professionnel(le)s du secteur de la petite enfance.
Commission Affaires Scolaires et Périscolaires / Petite Enfance / Famille
pour le groupe Ville d’Avray Alternative.
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