« VOYAGE à FRIBOURG » :
Quartier Vauban ou la ville autrement
La ville sereine : ainsi se confirme au long de la visite la première impression offerte par le quartier Vauban à une conseillère municipale curieuse de découvrir in situ cette expérience du construire et du vivre urbain durable.
Vauban, quartier résidentiel de Fribourg en Brisgau, ville allemande de la vallée du Rhin, proche de Strasbourg, est une référence européenne en la matière. (1)
L’architecture d’expérimentation écologique y est vive et variée malgré l’alignement majoritaire nord-sud des maisons ou petits immeubles mitoyens et la sobriété des matériaux. L’abondance végétale, la nature sont omniprésentes malgré une densité équivalente à celle de la première couronne parisienne (2). Les enfants jouent dans les rues et les multiples cours intérieures plantées. Circulation et stationnement automobiles sont bannis sauf sur l’allée principale qui accueille le tram et les activités et commerces. Les parcelles ne sont pas clôturées ni les cabanes de jardin fermées. De l’ensemble émane une sensation de liberté, de convivialité et de généreuse créativité.
Vauban dans son contexte :
Fribourg est, en Allemagne, symbole de qualité de vie urbaine.
Son agglomération compte 600 000 habitants.
Sa vocation « écologiste », née d’une forte mobilisation anti-nucléaire locale en 1975, est revendiquée politiquement aujourd’hui par une municipalité de coalition composée du Die Grünen (Verts) majoritaires à 23,90 %, du CDU (Conservateurs) à 20,70 % et du SPD (Socialistes) à 17,90 %. Cette coalition fonctionne à géométrie variable selon la nature des dossiers communaux traités.
Sa localisation dans la région la plus ensoleillée d’Allemagne et l’implication des institutionnels dans le développement des énergies renouvelables – solaire mais aussi éolien, cogénération à partir des déchets de l’industrie forestière locale (3) - en font la championne allemande de la production d’énergie solaire par habitant et le berceau de la recherche et de l’innovation dans ce domaine.
Son parti pris de mobilité « propre » est servi par un excellent réseau de transport en commun dont un tram peu sophistiqué, donc peu onéreux, et 500 km de pistes cyclables investies massivement par la population. Le centre ville historique (reconstruit) est piéton.
Fribourg abrite 3 quartiers durables :
L’urbanisme et l’architecture des 3 quartiers durables, « Vauban », « Rieselfeld » et « Solarsiedlung » (lotissement solaire conçu par l’architecte Rolf Disch) intègrent les usages et matériaux traditionnels aux process les plus modernes. (4). On citera le tracé des axes de circulation en fonction des vents dominants, la protection de la biodiversité par un réseau d’assainissement et de drainage de surface, la récupération des eaux de pluie, l’économie énergétique des « passivhaus » ou maisons passives, (15 kWh au m²) mettant en œuvre le photovoltaïque, les toitures végétalisées, l’isolation et les échanges thermiques du double flux. La circulation y est très réduite (5 km/h) par la volonté même des habitants et par la praticité d’un tram de desserte du centre ville dont les stations sont rapprochées. Le stationnement devant les habitations n’est autorisé que pour le temps de décharge.
A Vauban, les voitures sont parquées dans 2 silos de périphérie. La petite reine y mérite bien mieux son nom qu’en France.
La démocratie participative à l’œuvre :
La « démocratie participative » y est une réalité. Le quartier Vauban comme son alter ego moins connu « Rieselfeld » ont, dès leur création au tout début des années 90, impliqué leurs futurs habitants dans l’élaboration du cadre de vie et la conception des bâtis. Cette participation bien qu’initiée par la municipalité a été assurée par des associations de citoyens qui ont pu se constituer à certains moments en contre pouvoirs. L’historique « SUSI » à l’origine de l’appropriation du quartier Vauban par ses habitants gère aujourd’hui des habitats alternatifs. Le « Forum Vauban », dissous en 2004, a été déterminant dans la conception des infrastructures en lien étroit avec les architectes et urbanistes. A Rieselfeld, l’association K.I.O.S.K. oeuvrant dans le social et le culturel m’a sensiblement rappelé notre tissu associatif dagovéranien. La participation s’exprime aussi par le système original du « Baugruppen » ou copropriété précédant la construction elle-même et générant un dialogue fécond entre l’architecte et les futurs utilisateurs de l’habitat.
VAL avait avancé dans son programme municipal l’idée de parkings de périphérie et souterrain libérant les rues et la place du centre du stationnement automobile pour favoriser avec des circulations douces l’accès aux commerces et la convivialité des déplacements.
Voir ce modèle fonctionner à Vauban et Rieselfeld est d’un indéniable réconfort : « oui, nous pouvons ». L’aménagement en cours de l’avenue Balzac est un petit premier pas.
Caroline Gauvain,
Commission Urbanisme à Ville d’Avray
Commission Aménagement de l’espace à Arc de Seine
Pour le groupe VAL
(1) Autre référence européenne: la région du Voralberg en Autriche.
(2) 5 500 habitants prévus sur 38 ha à Vauban soit 150 h/ha (Paris : 200 h/ha).
11 000 h sur 70 ha à Rieselfeld avec un COS> 1.
A Ville d’Avray, la densité globale est de 32 mais inclue le forestier.
(3) La cogénération couple la production de deux énergies, l’électrique et la thermique à partir d’une même source.
(4) : Le retour aux techniques traditionnelles locales et l’étude préalable des conditions climatiques et de site sont reconnus aujourd’hui comme une constante et nécessaire condition pour construire écologique et bon marché.
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